Méditerranée, cimetière marin

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Trente mille ! En dix ans, trente mille Africains se sont noyés dans la mer Méditerranée. Trente mille vies, jeunes pour la plupart. Ces migrants ne sont pas des numéros ni des encombrants, ce sont des êtres qui vivent et espèrent. Or ces migrants ne rencontrent qu’indifférence. Plusieurs ports européens se ferment. Notre belle Méditerranée est en train de devenir un cimetière marin et on laisse faire. L’indifférence se généralise.

Ce n’est plus possible de laisser mourir pareillement les immigrants, a déclaré le pape à Marseille, lors des Rencontres européennes. Propos choc qui secoue tout l’appareil politique européen, face à la crise la plus importante de son histoire. Car la migration est devenue le problème dominant de nos sociétés occidentales. Problème d’autant plus majeur que tous les Etats d’Europe vont au-devant d’élections difficiles, traversées par une montée des Extrêmes-Droites hostiles à l’émigration. La peur s‘empare des citoyens qui craignent d’être submergés.
Le Pape des migrants est venu à Marseille demander un sursaut, un tressaillement, un électrochoc, une Europe responsable. Mais il y trouve ce qu’il appelle le fanatisme de l’indifférence. Selon la plupart des observateurs, le message du Pape restera lettre morte auprès des politiques européens, pourtant tous éduqués dans un climat chrétien qui prône la main tendue. Le Pape s’est mêlé d’affaires politiques qui ne le regardent pas, a même déclaré grossièrement Marine Le Pen. Ah bon ? Dix mille morts en Méditerranée, cela ne concernerait pas le Pape ? Le monde marche sur la tête. Heureusement, l’Europe prend peu à peu conscience de sa responsabilité et le très moderne et splendide Musée de la Méditerranée, au port de Marseille, tourné vers la mer, donne l’espoir d’une Europe autre, d’une Europe qui s’ouvrirait. Mais encore faudra-t-il que l’UE se déleste de sa règle désuète du veto qui empêche vingt-sept Etats d’organiser un accueil concerté des réfugiés pour deux d’entre eux, la Hongrie et la Pologne, qui font barrage. Funeste veto. Le moment est venu pour l’Europe de moderniser ses règles, d’abroger son veto désuet et d’accueillir ses migrants du Sud. Le projet, difficile, est en cours.

Jacques-André TSCHOUMY
Co-fondateur et a. président de la Maison de l’Europe transjurassienne

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