APRES LE BREXIT LE SENTIMENT PRO-EUROPEEN SE RENFORCE

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APRES LE BREXIT LE SENTIMENT PRO-EUROPEEN SE RENFORCE

L’autre jour, sur une terrasse estivale, c‘était à Neuchâtel, une table voisine devisait sur l’Europe et le BREXIT. Elle regroupait apparemment quatre artisans en retraite. « L’Europe est morte ! » était le mot-clé de leur discussion, au point qu’on glosait sur les Directives européennes déterminant la largeur des filets des pêcheurs européens, comme si nos Cantons suisses ne prenaient pas de mêmes mesures, dans le même souci de préservation des pêches futures, en Suisse et en Europe. La table se réjouissait manifestement de voir le Royaume Uni quitter l’Union Européenne, ainsi que de l’effetdomino exercé sur les Pays-Bas, la Hongrie, la Finlande, la France et l’Italie.

L’effet BREXIT est tout autre. La Grande-Bretagne s’est réveillée hébétée de son vote, comme sonnée, elle découvrait le mercredi matin tous les bienfaits désormais perdus de l’Europe dans leur vie quotidienne. Les Ecossais les leur rappelait fermement. Et – surprise ! – la redécouverte des valeurs européennes se répandit comme une traînée de poudre sur l’ensemble du continent au point que s’est renforcé de manière inattendue et significative le sentiment pro-européen en Europe. L’Eurobashing céderait-il le pas ? Il semblerait.

Surprise ! Le sentiment pro-européen s’est renforcé

En plein été, « Le Monde » du 16 juillet 2016 a en effet révélé les résultats étonnants de l’enquête conduite au lendemain du 23 juin 2016 par l’Institut IFOP, à Paris. « Diriez-vous, aujourd’hui, pour votre pays, que c’est plutôt une bonne ou une mauvaise chose que d’appartenir à l’Europe ? ». Les résultats sont saisissants, ils ont bondi, d’un coup, de 70% à 80% de oui. Le regain de sentiment pro-européen oscille de 67% en France à 89% en Pologne, de 75% en Belgique à 81 % en Allemagne et en Espagne. Pourquoi ce sursaut dans l’opinion ?

Lignes de forces de ce regain

  • On l’avait oublié, la majorité de la population européenne est et reste pro-européenne aux deux-tiers
  • Le discours ambiant « anti-Europe » est assourdissant, mais il n’est pas dominant
  • Le BREXIT aura entraîné un effet collatéral inattendu : l’Europe véhicule des valeurs fondamentales que leRoyaume-Uni semble découvrir maintenant, au lendemain du BREXIT, mais c’est trop tard, on ne revotera pas
  • Mises sous éteignoir pendant trop longtemps, inaudibles pendant des mois, les valeurs européennes ont été redécouvertes par tous les Européens à la faveur de la débâcle du BREXIT du 23 juin 2016.

Refonder le projet européen

Cette ascension du sentiment pro-européen ne peut toutefois pas occulter les problèmes. L’Europe n’est pas morte, mais elle s’est enlisée. Plus exactement, le projet européen reste vivace, mais ses mises en œuvre sont à la dérive, dérive démocratique, dérive morale, dérive nationaliste.

Un retour aux sources s’impose, soit à une Europe politique et fédérale, préconisée du 27 au 31 août 1947, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, par le Congrès de Montreux, avec l’animation particulière de Denis de Rougemont. La Constitution de Heinrich von Brentano de 1957, torpillée par l’Assemblée nationale française, pourrait être l’une des sources de reconstruction d’une autre Europe que celle d’aujourd’hui. Elle est de qualité. La Déclaration de Lenzburg du 20 avril 2002, en treize langues, Collection Forum Helveticum, Lenzburg, émise par le Forum Helveticum à Lenzburg et la Maison de l’Europe transjurassienne à Neuchâtel, est une contribution originale de la Suisse, dont l’histoire constitutionnelle est « source d’inspiration pour l’Europe », non « modèle », mais « source d’inspiration ». Enfin très récemment, Guy Verhofstadt, ancien Premier Ministre belge, ancien député européen, issu de quarante années de responsabilités européennes, vient de produire l’analyse la plus pertinente en ce moment sur ce thème. Sous le titre « Le mal européen », préface de Daniel Cohn-Bendit, Tribune libre, Ed. Plon, à Paris, 2016, il trace les voies du rebond nécessaire
pour l’Europe.

Toutes ces forces sont actuellement réunies par l’Union des Fédéralistes Européens ; elles cherchent à rassembler les moyens de rappeler le projet européen tel qu’il avait été profilé en 1947. Un Congrès européen sur le sujet est en préparation, il se tiendra à Montreux le 16 septembre 2017 et s’intitulera « Refonder le projet européen ».Que la Suisse en soit l’hôte a du sens en 2017 autant qu’en 1947. Les peuples européens attendent que revive le projet européen. Car leur attachement pro-européen a rebondi à l’issue du BREXIT.

Jacques-André TSCHOUMY
Maison de l’Europe, Neuchâtel
jatschoumy@bluewin.ch

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