Jeudi 28 avril 2005 : L’Europe en Constitution

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INTRODUCTION AU DÉBAT

Mesdames, Messieurs,

Au nom du Comité de la Maison de l’Europe transjurassienne, j’ai le plaisir de vous saluer et de vous souhaiter la bienvenue. Cette soirée a été arrêtée il y a plus d’une année. Le débat français, vous le savez, lui donne une actualité renouvelée.

L’écart est étonnant. D’un côté, la spectaculaire avancée de l’Europe depuis 20 ans, de l’autre une montée en puissance très évidente de l’euroscepticisme. L’interrogation progresse en effet dans plusieurs pays. Il faut donc expliquer, il faut convaincre. Tel est le sens de notre soirée.

SPECTACULAIRE EST L’AVANCEE DE L’EUROPE EN QUELQUES ANNEES

  • D’abord timide, faute d’accord possible entre tous, l’Europe a commencé, comme les Waldstaetten, à mettre en commun ses marchés commerciaux (Charbon-acier, puis progressivement toutes ses économies).
  • A cette Europe économique s’est progressivement surajoutée l’Europe de la monnaie, avec la spectaculaire réussite d’un Euro auquel personne n’avait donné l’ombre d’un espoir pendant longtemps. Puis l’Europe de la libre circulation des personnes, des marchandises et des biens, avec des conséquences si évidentes et si perceptibles sur notre vie quotidienne, du lever au coucher de nos journées.
  • Puis, avec un élargissement encore impensable il y a quinze ans, l’Europe historique qui, à 25 (27 bientôt), regroupe toutes ses terres de l’Atlantique à la Mer Noire.

L’Europe est désormais

  • libérée de ses entraves intérieures, de ses dictatures de droite et de gauche, nazie, puis soviétique
  • instrumentée d’une monnaie unique
  • élargie, retrouvée, disent certains
  • puissante sur les scènes du monde, scènes économique, militaire, humanitaire
  • vitalisée par ses Euro-Régions, espaces de démocraties de proximité et de coopérations négociées
  • approfondie et organisée par un Traité constitutionnel adopté le 18 juin 2004 lui offrant ce qui lui a manqué pendant 60 ans, soit un statut qui échappe à la dominance économique et lui confère un statut vraiment politique.

L’Europe est par ailleurs

  • une Europe compétitive et concurrentielle dans le commerce mondial, voyez l’Airbus dans tous vos journaux de ce matin
  • une Europe surtout, ne l’oublions jamais, humanitaire, porteuse de paix, paix intérieure et extérieure, par sa politique en amont d’anticipation des conflits. On peut dire aujourd’hui : Plus jamais Verdun ! Plus jamais Oradour ! Puissions-nous demain dire : Plus jamais Srebrenica !

Telle est la spectaculaire avancée d’une Europe triomphante qui aura constitué, historiquement, le fait le plus marquant de la seconde moitié du XXe siècle.

MAIS TOUT AUSSI SPECTACULAIRE EST LA MONTÉE EN PUISSANCE DES RÉSISTANCES

En effet, c’est au moment de sa montée en puissance la plus spectaculaire qu’émerge un Euroscepticisme, non pas l’Euroscepticisme monolithique bien identifié de Le Pen, Haider ou Blocher, ce n’est pas de ce courant extrémiste dont je voudrais parler, mais d’un Euroscepticisme rampant qui émerge à chaque discussion sur l’Europe, que ce soit en famille, entre amis, avec vos collègues de travail, à l’atelier, au restaurant.

Cette progressive mise en cause s’identifie à trois courants :

  • Courant souverainiste
    Pour plusieurs citoyens, l’impression domine que les petits seront dominés par les grands, notre espace sera violé, notre pouvoir local s’envolera à Bruxelles, la bureaucratie bruxelloise dirigera le politique. Cette forme souverainiste de mise en doute est à caractère politique.
  • La résistance est conservatrice le plus souvent. L’individu défend ses acquis, son salaire, son job. Il craint le dumping salarial de travailleurs venus de l’Est, condamne les délocalisations, combat ce qu’il appelle une concurrence déloyale. « On en veut pour notre argent » est le slogan récurrent. Le système pousse, l’usager freine, par peur de l’avenir. Cette forme de résistance conservatrice es à caractère économique et social. Elle affecte aussi bien les Etats que les individus. Elle s’adresse à la mondialisation, mais son discours contamine tout le discours européen.
  • J’ai enfin identifié un troisième courant de résistance, c’est le courant identitaire. La défense nationale n’est plus nationale. La Turquie n’est plus ottomane et menaçante, mais démocratique. La personne est bousculée dans ses cartes mentales, dans ses images, dans ses repères, dans ses convictions, dans ses certitudes.Pour les uns, s’impose une fuite vers le micro :small is beautifull ! Pour d’autres, auxquels s’impose le modèle macro étatsunien : big is beautifull, l’Europe est encombrante et inutile. Cette double résistance est à caractère culturel.

POSITIONNEMENT DE LA MAISON DE L’EUROPE EN REGARD DE CETTE DOUBLE MONTÉE EN PUISSANCE

Quelle est la position de la MET, en Suisse, en regard de ce double courant montant ? Europe triomphante, Euroscepticisme généralisé ? Et bien , tous les deux, et à quatre niveaux, international, national, local et transfrontalier.

Niveau international

L’Europe n’avancera pas et ne progressera pas si elle ne traite pas de ses résistances, de ses peurs et de ses freins. Les prendre en compte est une nécessité. C’est ce que la MET va faire, dès l’automne, en partenariat avec d’autres Maison de l’Europe, à Santarém au Portugal, à Varsovie, au Luxembourg, à Saarbrücken, en un Cycle intitulé « L’Europe après l’Europe », volet international de la MET.

Niveau national

A Lucerne, les 23 et 24 novembre prochains, en partenariat avec le Netzwerk Müllerhaus, Lenzburg, et Forum Europa, Saarbrücken, elle mettra en place deux journées de réflexion visant à substituer des processus plus démocratiques au fonctionnement actuel de l’Union Européenne.

Niveau local

Au niveau local, nos Cafés de l’Europe traitent de plusieurs points d’Europe en des Cycles annuels européens. Cette année, nous terminons le Cycle Régions d’Europe. Le prochain Café se tiendra à l’ABC, le 10 mai prochain. Il sera consacré à l’Ecosse. Le Cycle de l’année prochaine sera consacré aux frontières de l’Europe (Ukraine, Liban, Maroc, par exemple), successivement à Neuchâtel ( CCN ) et à La Chauxde-Fonds ( ABC ). C’est notre action locale, qui a trouvé son public désormais. Des projets similaires sont prévus dès l’automne prochain à Fleurier et à Cernier, en partenariat avec Centre culturel du Val-de-Travers et de Espace Val-de-Ruz.

Niveau transfrontalier

Au niveau transfrontalier, sur l’Arc jurassien, la MET organise chaque année quelques grandes Conférences sur des sujets d’actualité européenne : l’Euro récemment, à l’Université de Neuchâtel, la Défense européenne, à l’Université de Besançon l’automne dernier, et aujourd’hui la Constitution européenne, à La Chaux-de-Fonds. C’est l’occasion pour moi de vous saluer, partenaires comtois, amis du Mouvement Européen France, Franche-Comté, de l’Union pour l’Europe fédérale de Franche-Comté, d’Info-Point Europe de Franche Comté, à l’Hôtel-de-Ville de Besançon, et de France Forum 25 à Besançon. Notre partenariat est opérant et amical. Soyez salués très chaleureusement aujourd’hui à La Chaux-de-Fonds.

LE PROGRAMME DE CE SOIR

Mais en quoi la Constitution européenne nous concerne-t-elle nous aussi, Suisses ? Marque-t-elle vraiment un pas significatif de l’Europe vers plus de démocratie, ainsi que nous Suisses le souhaitions depuis toujours ? Nous poserons la question à M. Andreas Gross, qui a participé activement à la rédaction d’un article très central de la nouvelle Constitution, l’article 46, sur la démocratie participative, et le droit d’initiative. Tout le monde connaît M. Andreas Gross, président de la délégation suisse à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qu’il rejoindra ce soir, membre du Bureau de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, rapporteur du Conseil de l’Europe en Tchétchénie et en Azerbaïdjan, et par ailleurs conseiller national zurichois, résidant à Saint-Ursanne. Merci d’être venu, M. Gross, vous nous direz pourquoi vous trouvez important que l’on parle de Constitution européenne en Suisse aussi.

Merci à vous d’être ici, M. Michel Jacquemin ! Mais que se passe-t-il en France avant ce 29 mai prochain ? Vue d’ici, je ne vous le cache pas et vous le dis sans ambages, l’amitié me le permet, la France est devenue l’absurdistan ! Pourquoi en est-on venu à un tel point de confusion ? Vous nous direz l’effort considérable d’information mené par vous et vos Mouvements européens en Franche-Comté. Vous nous direz la nature des résistances en France, mais en Franche-Comté surtout. Vous êtes président de la Section Franche-Comté du Mouvement Européen France, à Besançon, mais aussi Président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Doubs de 1976 à 1985, Vice-président du Conseil économique et social de Franche-Comté dès 1978, député UDF du Doubs à l’Assemblée nationale française de 1986 à 1997, secrétaire de l’Assemblée nationale, conseiller municipal de Besançon, Vice-président du Conseil régional de Franche-Comté, Chevalier de la Légion d’Honneur. Vous voilà, Bisontin et Français, désormais engagé sur le front européen. Vous nous direz pourquoi.

Et je termine en saluant notre conférencier principal, M. Paul Magnette. Nous nous étions rencontrés à Lyon, vous souvenez-vous, et je m’étais promis de vous inviter, tant vous alliez un double talent, rare talent, confirmé par les journalistes de la Radio ce matin : vous alliez la maîtrise des dossiers à une limpidité et à une simplicité du discours. A la lecture d’un texte estimé difficile, vous êtes donc le bienvenu à La Chauxde-Fonds. A Bruxelles, vous êtes directeur de l’Institut européen de l’Université libre de Bruxelles et à ce titre, observateur privilégié, attentif et critique de l’avancée européenne, et de sa Constitution surtout. Je vous vois assez fréquemment à titre de consultant sur diverses chaînes de télévision, TV 5 en particulier. Nous avons l’honneur de recevoir ce soir, au Club 44, l’un des meilleurs observateurs de l’Europe en marche. Soyez-en vivement remercié. Vous nous direz si cette Constitution peut représenter la plus grande aventure à plusieurs Etats des temps modernes, la plus formidable avancée d’une Europe fondée politiquement. A vos yeux, comme aux nôtres, la Constitution rend-elle l’Europe enfin plus politique, plus démocratique, plus organisée, plus dynamique, plus forte, plus concurrentielle, plus intelligible, plus visible, plus sociale, plus environnementale, plus mutuelle, plus solidaire, plus humaine et plus porteuse de paix ? Vous nous le direz, mais, je le sais, vous ne nous tairez pas ses tensions, ni ses échecs, ni ses impasses, ni ses lacunes.

Vous avez 30 minutes, M. Magnette, puis M. Jacquemin et Gross ouvriront le débat avec leurs points de vues francs-comtois et suisse, 10 minutes chacun. La salle sera ensuite invitée à s’exprimer et donner ses avis à nos invités. La fin de la soirée est prévue vers 22h00.

REMERCIEMENTS

Permettez-moi de remercier, pour finir :
Les exposants : Point-Info Europe, Mme Annick Hecker, de Besançon, avec le matériel de promotion actuellement diffusé en Franche-Comté.
La Librairie La Méridienne, avec un présentoir d’ouvrages parus récemment sur la Constitution.
Nos hôtes enfin. Merci à M. Francis Geiser, président du Club 44, et à M. Thomas Sandoz, animateur du Club 44, notre partenaire pour ce partenariat enfin retrouvé à La Chaux-de-Fonds.

Jacques-André Tschoumy

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