La politique autrichienne sur le fil du rasoir
L’Autriche n’est pas un duplicata politique de la République fédérale d’Allemagne. Ayant retrouvé sa souveraineté en 1955, elle a souvent éprouvé de nombreuses difficultés à entreprendre un travail de mémoire qu’elle a volontairement occulté en se présentant comme une victime du nazisme. Ce n’est qu’à l’occasion du 75e anniversaire de l’Anschluss du 12 mars 1938 que l’ancien Président Heinz Fischer déclara que, dans son pays, « il n’y a pas eu que des victimes mais aussi des bourreaux ».
Cette ambiguïté demeure au cœur d’une querelle politique à long terme, dont l’Autriche n’a pas encore fait le deuil. En ce sens, aujourd’hui avec Heinz-Christian Strache et Norbert Hofer, autrefois avec Jörg Haider, l’Autriche pense succomber à la tentation de l’extrême droite. Elle y résiste toutefois in extremis, à l’exemple des dernières élections présidentielles de 2016 avec la victoire, somme toute surprenante du Prof. Alexander van der Bellen.
Parfois au bord de l’abîme politique et anti-européen, l’Autriche a aussi écrit des belles pages de son histoire récente, se dotant à la chancellerie de personnalités de tout premier plan, comme Franz Vranitzky, l’artisan de l’entrée de son pays dans l’Union européenne, et Bruno Kreisky, l’une des figures historiques de la social-démocratie européenne. Pays profondément partagé entre une tradition réactionnaire et un héritage « austro-marxiste », l’Autriche est un conglomérat d’une culture petite bourgeoise et d’une culture révolutionnaire, comme l’atteste, dans ce dernier cas, le prix Nobel de littérature décerné en 2004 à Elfride Jelinek, et, plus encore, à « l’autre Autriche ».
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