Entre désir de changement et peur du chaos
Confrontée à des transitions démocratiques prenant des tournures parfois très violentes dans la région, l’Algérie cherche sa voie. Le régime, disposant de moyens financiers importants, appréhende le développement d’une force démocratique et a les moyens de la contenir. La négation de la dimension politique des diverses contestations et sa volonté de faire ré-émerger un acteur islamiste fort sur la scène politique algérienne en atteste. Mais cette stratégie peut cependant s’avérer problématique pour certains clans « qui refusent de rencontrer les tenants de la violence que le peuple a bannis de la politique» et peut créer des divisions au sommet de l’Etat. Face à la volonté du régime de coopter ou de réprimer toute force menaçant son hégémonie, la capacité de la société civile à établir la jonction entre revendications sociales et politiques représente également un défi important pour l’évolution du mouvement et son caractère pacifique. L’ampleur et l’atomisation de la contestation actuelle témoignent de l’absence de plateformes de dialogue et de débats inclusifs, un manque criant de coordination entre acteurs, tout comme une crainte encore très présente de la population de voir le pays sombrer dans la violence. Les évolutions des processus de transition démocratique dans la région auront une influence sur les rapports de force en présence. Elles détermineront en partie la marge de manœuvre politique du régime dans ses réponses à la crise ainsi que les risques que les acteurs de la protestation seront prêts à prendre.
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